Ces quelques lignes m’ont été commandées par l’équipe de la revue RITPU il y a environ un an pour accompagner la fréquentation de l’article « Former aux TICE : entre compétences techniques et modèles pédagogiques » publié en 2012 dans le numéro 9 de la revue. Je ne les ai pas écrites tout de suite, pour au moins deux raisons. Sur le fond de l’article, je ne voyais pas ce qui avait changé entretemps, et je dirigeais la recherche ANR DALIE (didactique et apprentissage de l’informatique à l’école) qui en était à sa phase de collecte des données sur le terrain, et sans aucun recul sur les résultats que nous allions produire. Ce programme de recherche s’est donné pour objectif d’analyser comment des enseignants d’école primaire pouvaient enseigner et faire apprendre des éléments liés au domaine informatique sans y avoir été formé, ou peu. Par quels détours pédagogiques, pouvaient-ils compenser leur méconnaissance du domaine. Dit autrement, parmi les objectifs de cette recherche, nous observons la faisabilité de l’intégration de l’enseignement d’éléments informatiques dans les curriculums du premier degré scolaire, dans des classes lambda avec des enseignants « normaux » dans le contexte institutionnel actuel, c’est-à- dire n’ayant pas de compétences informatiques particulières, et donc, mettant en œuvre des situations pédagogiques à partir de leurs compétences effectives d’usagers des technologies informatisées et des représentations partielles, flottantes, voire inexistantes, qu’ils ont de l’informatique.
Il n’est pas inutile, en ces temps d’évolution rapide des technologies dans la société, au temps de l’omniprésence de l’internet et des différents services qu’il offre, d’analyser dans une perspective historique la question des usages éducatifs de ces technologies. Par-delà les changements rapides, des questions subsistent. Les lignes qui suivent sont particulièrement fondées sur le cas français, mais la situation a évolué de manière relativement similaire dans les pays industrialisés. Je me concentrerai sur les cinquante dernières années environ, mais des racines plus profondes sont aisément discernables, en particulier autour de l’œuvre de pédagogues comme Dewey ou Freinet.
La capacité de raisonner et décider en contexte d'incertitude est une caractéristique de la pratique dans des professionnels. Préparer et former à la gestion de l'incertitude représente un enjeu pour les institutions d'enseignement. Le concept de concordance avec des avis d'experts, à propos de tâches cognitives complexes, s'avère très utile aussi bien en matière de formation (formations basées sur la concordance) que d'évaluation (test de concordance de script)..
En 2005, avec Jacques Viens nous avons publié dans la revue un article qui présentait et explicitait deux modèles, le modèle IntersTICES (INTÉgration par la Recherche et le Soutien des Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement Supérieur) et le modèle ASPI (Analyser, Soutenir et Piloter l’Innovation). Le premier propose un outil réflexif pour tenter d’identifier la valeur ajoutée des TICE lors de la conception et de l’évaluation d’un environnement d’apprentissage..
La formation des enseignants aux TIC : allier pédagogie et innovation ... 12 ans après
Marcel Lebrun, Louvain Learning Lab, Université catholique de Louvain (Belgique)
Notre article “La formation des enseignants aux TIC : allier pédagogie et innovation” date déjà de 12 ans. Il faisait alors l’hypothèse que la formation des enseignants (pédagogique et technologique) devait reposer sur un modèle d’apprentissage comparable, dans ses fondements et dans sa vision, à ce qui est porté par la citation de Brown et Atkins “donner aux étudiants (aux enseignants) des occasions d’apprendre”. Or l’apprentissage lui-même et l’environnement d’apprentissage ont bien changé et se sont quelque part généralisés (une intelligence collective à la fois objectivée et virtualisée) en percolant les différents secteurs de la société :
En conclusion, on pourrait dire que former les enseignants, c’est leur donner les moyens et les environnements nécessaires pour continuer à se former par eux-mêmes et en interaction avec les autres enseignants et les acteurs de la Société en mutation forte.